1981-1990ArthouseFranceMarguerite DurasShort Film

Marguerite Duras – L’homme atlantique (1981)

29f7c043f76a2bde437fd0d52a185152

Quote:
“In this avant-garde short, Duras uses outtakes from Agatha et les lectures illimitées, removing Agatha and leaving only the voice and likeness of her brother (Yann Andréa). Duras scholar Leslie Hill contends that for the first time in her work, “the gap between image and sound is now aligned with the fissure of sexual difference itself.”” (filmlinc.org)



Quote:
« Si les quarante-cinq minutes de L’Homme atlantique sont une aventure, ce n’est pas parce qu’on vient y voir une dernière curiosité (l’image noire, on pouvait se douter que Duras y viendrait), mais bien parce que là, très près de l’écran noir on a physiquement l’impression d’être dans une caméra (et pas seulement le viseur, comme cela peut arriver). Dans un premier temps, les plans noirs alternent avec des plans impressionnés. Chacun d’eux est comme un tremplin pour l’image à venir : un appel, au sens où l’on parle du pied d’appel dans un saut. Puis il n’y a plus que du noir, et Duras dit qu’il n’y a plus que du noir, qu’elle n’a plus d’image à donner à ce film, et l’on sent Yann Andréa derrière ce qui est maintenant un cache, l’obturateur définitivement clos de la caméra gigantesque où l’on a pris place. »

Alain Philippon, Cahiers du cinéma, n° 331, janvier 1982

« L’Homme Atlantique est peut-être le premier film à vous faire regarder les images les yeux fermés. Peu importe, que certains cinéastes aient réussi auparavant, par éclairs, à réaliser la même prouesse ; jamais, avant Marguerite Duras, on avait été porté, corps et âme, vers un au-delà bien impossible à nommer, le projet lui-même, dans sa folie, ignorant sa destinée. Et pour cause !

Le fait est là ! On décolle. Peu importe aussi que l’on ne retienne, des paroles chuchotées par la voix de Marguerite Duras, peu du sens mais beaucoup de la sensualité d’une voix qui, depuis Le Camion, envahit de plus en plus un espace en friche. L’Homme Atlantique ne vous prouvera pas que le cinéma, c’est ça, ni qu’il faille absolument prendre ce cinéma comme modèle, ni que c’est un grand film, ni que le cinéma est le sommet de tous les arts, ni que le noir vaut mieux que le bleu, le rouge, le vert…. Non, L’Homme Atlantique est ailleurs, au-delà de tout le cinéma qui se fait et des films précédents de Marguerite Duras. Son au-delà, c’est l’absence d’au-delà. Son cinéma, c’est son absence de cinéma. L’Homme Atlantique vous prouvera seulement que le cinéma est fragile.

Il est juste de dire que ces quarante minutes de noir sont les plus belles images que Marguerite Duras ait imprimées sur la pellicule depuis Détruire, dit elle car, en gagnant ce pari fabuleux de faire rester un spectateur devant l’écran noir de son film, notre Marguerite nationale a atteint ce qu’elle désirait depuis longtemps : faire du vide une matière pleine, faire du néant, un océan d’images. Vous l’avez compris, L’Homme Atlantique est un film impossible. Paradisiaque. Vertigineux. Et, tout compte fait, l’entreprise méritait d’être tentée car, à voir l’air ébahi des spectateurs après ces quarante minutes de voyage intergalactique dans notre pensée, on ne peut que dire bravo à Marguerite Duras. Elle a essayé. Et elle a réussi. Pourquoi ? Peut-être parce que L’Homme Atlantique est un film de la peur. On pourrait le sous-titrer : Les Mystères de Marguerite. En imprimant des mots sur le néant, elle nous propulse dans le trou noir de sa pensée. Bringuebalé, chahuté, on en sort ragaillardi, pimpant neuf et lavé de mille détritus d’images qui nous collaient à l’esprit. Après tout, si un peintre a peur de la toile blanche et un écrivain la peur de la page blanche, pourquoi un cinéaste n’aurait-il pas la peur de l’écran blanc ? Et ainsi, ce dernier, incapable de projeter et d’imprimer quoi que ce soit, seulement des mots balancés par une voix d’outre-monde ?

Je donnerais tout ce que j’ai vu ces derniers mois pour ces quelques milliers de photogrammes noirs. Peu importe, enfin que Marguerite ait intercalé quelques chutes d’Agatha, comme pour nous sécuriser avant le grand plongeon final, car, quand on saute dans le vide, on n’a de compte à rendre à personne. »

Gérard Courant, Cinéma 82, n° 277, janvier 1982


http://nitroflare.com/view/A705706CA4CB621/L.homme.atlantique.1981.APH.DVDRip.x264-MaZ.mkv
http://nitroflare.com/view/FBB877725D186FC/l%27homme_atlantique-en.srt
http://nitroflare.com/view/5AA39E812EF73C8/l%27homme_atlantique-fr.srt

Language(s):French
Subtitles:English,French

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

Back to top button